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NUMEROS DE REVUES
Bruxelles, janvier 2015
L’art ne pourra pas changer le monde – rendre tout le monde heureux, enrayer l’exclusion, déraciner la logique du profit qui empoisonne le genre humain, remettre la balle dans le canon, stopper la haine qui camoufle la peur vertigineuse de vivre libre. Non, face à ce Goliath, l’art, avec sa petite fronde, semble bien dérisoire.
Ce deuxième numéro de « C!RQ en CAPITALE » propose de voir les choses dans l’autre sens. Et si, justement, dans l’intimité de nos cœurs, l’art permettait de cimenter nos bases, d’équiper nos consciences, de ne pas se sentir seuls, de faire groupe non pas pour gueuler, détruire ou souffrir, mais pour construire, rencontrer, parler, écouter, rire, pleurer, se disputer avec joie, ne pas être d’accord, aimer ? Et si l’art nous permettait de « vivre », enfin ?
Loin des notions de rentabilité, de commerce ou de consommation, on sent qu’une nouvelle conscience est agissante un peu partout sur Terre. Elle œuvre à différents niveaux : environnement, agriculture, échange de savoirs, entreprise coopérative. Elle n’est pas sûre d’elle, ni de ses modèles, mais elle est convaincue d’une chose : nous ne devons pas abandonner nos rêves à d’autres qui en décideraient pour leur béné8ce. En cirque aussi, ce mouvement existe. Il a dépassé la poignée de rêveurs pour atteindre une vraie communauté de bâtisseurs. Au quatre coins du monde, ce mouvement de « cirque social », né au milieu des années 80, travaille avec des personnes que la société – ou la situation géopolitique – exclut. Le résultat est bouleversant. « Au Brésil par exemple, nous travaillons avec des jeunes qui vivaient dans la rue. Ça prend du temps, mais ils se rouvrent comme des fleurs. Le cirque leur rend confiance en eux-mêmes et en l’autre, parce qu’il est collaboratif », explique Michel Lafortune, coordinateur du Cirque du Monde, le vaste programme social du Cirque du Soleil.
A Bruxelles, on parle près de 150 langues et on compte plus de 160 nationalités. La ville forme un patchwork culturel dont le discours le plus bruyant souligne plus volontiers les frottements que l’incroyable richesse. Ce trésor existe. Encore faut-il vouloir le trouver : il ne s’achète pas, il se construit. Nous sommes allés à la rencontre de quelques-uns de ces « bâtisseurs » pour qui les arts de la piste sont le levier vers une plus grande cohésion entre les habitants. Par le geste, l’appui ou le porté, le cirque crée du « lien », au sens propre. « C’est par son corps qu’on fait société », estime Eleftérios Kechagioglou, le directeur du Plus Petit Cirque du Monde (France), dans l’interview qu’il nous a accordée. De toute évidence, le cirque fait du bien au corps. Il pourrait également aider à bâtir et à assouplir le corps social. Et donc changer le monde, quand même, un peu ? [résumé de l'éditeur]
L’art ne pourra pas changer le monde – rendre tout le monde heureux, enrayer l’exclusion, déraciner la logique du profit qui empoisonne le genre humain, remettre la balle dans le canon, stopper la haine qui camoufle la peur vertigineuse de vivre libre. Non, face à ce Goliath, l’art, avec sa petite fronde, semble bien dérisoire.
Ce deuxième numéro de « C!RQ en CAPITALE » propose de voir les choses dans l’autre sens. Et si, justement, dans ...
Cote : CIRQ-C-2
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